qui suis-je ?

Je suis né à la fin du XIVème siècle dans une petite ville appelée Vicchio, dans la République de Florence. Ma vie a été relativement simple, dans la mesure où je suis devenu très vite un frère dominicain. Mes talents de dessinateur et de peintre m'ont conduit à entrer coup sur coup dans l'atelier d'un enlumineur, puis dans celui d'un miniaturiste. Là, j'ai appris l'essentiel de mon art, en manipulant des pigments précieux ( comme le lapis-lazuli, ce bleu si cher ) ainsi que la feuille d'or, souvent utilisée pour représenter les cieux ou les auréoles des personnes saintes. Sur la présente peinture, vous voyez mon portrait posthume peint par Luca Signorelli, autre peintre de l'école florentine. 

Mon "Annonciation" est considérée comme l’une des œuvres les plus belles du Quattrocento florentin. J'ai peint ce tableau entre 1425 et 1426. Le Quattrocento, contraction de millequatrocentro, correspond au XVème siècle italien. Il succède au Moyen Âge. C'est le siècle de la "Première Renaissance", mouvement qui amorce les début de la Renaissance en Europe. A cette époque, chaque cité-Etat rivalise artistiquement : les principaux foyers de création sont Florence, Sienne, Milan, Venise, Naples, les Etats pontificaux ( appartenant au pape ). 

Cette Annonciation est actuellement exposée au musée du Prado, à Madrid. A l'origine, elle appartenait à un retable ( pièce d'architecture exposée au-dessus d'un autel qui contient un ou plusieurs tableaux - polyptyques - ou statues ) appartenant à un couvent situé dans la périphérie de Florence. On y voit l'ange Gabriel fait son annonce à la Vierge Marie.

A Florence, les amateurs d'art vont souvent visiter le Couvent de San Marco. On y trouve une quarantaine de fresques que j'ai peintes dans les cellules de mes compagnons-moines. L’une d’elles représente "La Nativité". C'est Saint Antonin de Florence, un des plus grands théologiens dominicains, et prieur du couvent de San Marco ( on appelle "prieur" le supérieur d'un monastère ) qui m'a recommandé de prendre la vie du Christ comme principal thème. 

 Au monastère, on m'appelle Fra Giovanni ( frère Jean en français ). Je suis ordonné prêtre en 1427. Le prêtre, dans la religion catholique, est au service d'une vérité : le Christ, vrai Dieu et vrai homme, a offert sa vie en sacrifice pour sauver les êtres humains du péché. Lors de la dernière cène ( scène que nous voyons sur cette fresque ) Jésus anticipe son sacrifice en offrant Son corps et Son sang à ses apôtres. Par la transsubstantiation qui a lieu au cours de toute messe célébrée par le prêtre - au moment précis de la Consécration - l'hostie devient le corps du Christ et le vin Son sang. 

En 1445, le pape Eugène IV (1383-1447) fait appel à moi pour décorer la chapelle du Sacrement au Vatican. Il m'a même proposé de devenir archevêque de Florence, mais j'ai refusé. La fonction a été attribuée à Antonino Pierozzi ( le futur saint Antonin ). J'ai poursuivi ma carrière artistique à Orvieto, puis au Vatican. Ce que vous voyez appartient aux fresques de la chapelle Nicoline. 

Je suis retourné au couvent de Fiesole pour occuper moi-même la charge de prieur de 1450 à 1452. Je reviens à Rome en 1453-1454 et y meurs en 1455. Ma tombe est dans l'église de la Minerve ( vous la voyez avec le gisant me représentant ). Le saint pape Jean-Paul II m'a béatifié le 3 octobre 1982 et m'a proclamé patron des artistes peintres. Pour rappel, la béatification est la première étape avant une possible canonisation. C'est le peintre et premier historien de l'art Giorgio Vasari qui a ajouté l'adjectif « Angelico » à mon nom, dans son ouvrage intitulé "Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes". En cliquant ici, vous découvrirez mon identité à travers deux vidéos.